Bocage ©coutances TourismeBocage ©coutances Tourisme
©Bocage ©coutances Tourisme

Que veulent dire les noms de nos communes, hameaux, villages

Episode 2

Vous souhaitez en savoir plus sur les noms de nos hameaux, villages, villes, etc ? c’est ici !

Vous aviez apprécié le 1er épisode qui dévoilait l’origine des noms de quelques-unes de nos communes ? Nous revêtons à nouveau nos tenues d’explorateurs du passé pour la partie 2, allons-y !

Pour ce 2ème jet, nous faisons un saut du côté de la campagne normande, où il fait bon humer ses odeurs boisées, parcourir ses vallons aux mille nuances de vert, effleurer les herbus… Eh oui ! Quantité de noms de nos villages trouvent leurs sources dans la nature environnante, des caractéristiques très concrètes et visibles telles qu’une végétation abondante, la situation géographique, la présence d’un cours d’eau etc.

Si on vous dit : Belval. C’est facile, tout est dans le nom ! Composée de « bel » (beau) et de « val » pour la vallée ou les vallons, cette commune qui connut plusieurs orthographes (Bella Valle, Belleval) avant aujourd’hui, signifiait tout simplement « belle vallée », « belle » au sens de foisonnante/fertile.

Au sud de Coutances se situe le « nid de corbeau », que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « Nicorps » (aussi vus Nicor, Nicorb, Nidus Corvi) et dont le nom serait composé des mots latins « nidus » (nid) et « corvus » (corbeau).

Gavray (aussi vus Wavreti, Wavreium), lui, proviendrait du mot celte « wob(e)ro » ou « wab(e)ro » qui signifiait « terre boisée/ broussailleuse/ inculte ». Son sens a décliné au fur et à mesure du temps et des évolutions linguistiques, pour finalement caractériser un ruisseau souterrain, dans la langue gauloise « vobero ». Il serait ensuite devenu Guabreum, Guavreum, Gavraium, Gavreyum, que l’on pourrait rapprocher de l’ancien mot « Gave », une vallée irriguée par une rivière.

Pour rester dans le thème, voici un petit florilège végétal des noms de nos localités :

  • La Baleine : ne vous y trompez pas, rien à voir avec le mammifère marin ! Aussi vu au fil des siècles orthographié Ballena, Balena, Labaleinne… Ce toponyme pourrait avoir un lien avec la divinité gauloise « Belisama », déesse du foyer, non moins guerrière, de l’artisanat du métal, du verre et du tissage. Autrement, avec la flore locale, comme avec le genêt (à balais). En ancien français, l’on pouvait dire d’une terre recouverte de genêts qu’elle était « balaine ».

 

  • La Rondehaye : Rotunda Haia, constituée de l’adjectif « ronde » et du nom « haie » (bosquet, bois).

 

  • Lengronne : aussi vu sous la forme Lengrona, pourrait venir du mot norois – la langue des Vikings – « lyngr » (bruyère) et « grund » (étendue herbeuse).

 

  • Roncey : Ronceio, Ronceyo, qui viendrait du mot « ronce » (et dont l’endroit devait probablement abonder), et de l’ancien français « roncei », « ronçois », pour désigner une « ronceraie », l’endroit où s’épanouissent les ronces.

 

  • Ver : que l’on retrouve dans d’autres noms de communes françaises, serait issu du gaulois « verno », et donc de vergne et verne qui sont d’autres mots pour désigner l’aulne, arbre que l’on trouve en futaie.

Toujours aussi perspicaces, nos ancêtres les Celtes ont littéralement qualifié Agon (aujourd’hui Agon-Coutainville) comme le « lieu entouré par les eaux », « Aagon ». Peut-être était-ce aussi une manière de se souvenir de l’origine géographique des Normands – les « Northmans » / « Northmen », ces fameux hommes du nord -, et de l’île suédoise d’Agön (Agö) dans la mer Baltique ?

A l’instar de nombreuses localités normandes se terminant par le suffixe -ville, l’on retrouve beaucoup de villages en -tot à travers la Normandie (Yvetot, Butot, Sciotot, Saint-Gilles-de-Crétot, Bouquetot etc.), qui lui aussi caractérisait l’appartenance d’un domaine à un propriétaire proclamé. C’est notamment le cas de Gratot, vu au fil des siècles sous les formes Guerartot, Gerartot, Girartot, Grartot, c’était donc le « domaine de Guerard/ Girard ».

La légende de Hambye

Enfin, pour conclure cet article en beauté, laissez-vous conter la légende de Hambye. « Ham », serait un mot hérité d’un terme scandinave pour dire « maison », c’était alors la « maison de Bye ». Mais qui donc était Bye ?
Bye aurait été un compagnon d’armes de Rollon, vous savez ce seigneur Viking convertit au christianisme et considéré comme le premier Duc de Normandie.

Un jour, selon la légende, Bye eut vent qu’un énorme serpent (ou dragon ailé) sévissait sur l’île de Jersey. N’écoutant que son courage, Bye décida de se mettre en route pour terrasser cette infâme créature et ainsi délivrer la population de ce malheur. Arrivé sur place, accompagné de son fidèle destrier et de son écuyer, il se fit indiquer le chemin vers l’hideux animal et s’élança aussitôt au combat.

Après avoir mené rude bataille, abandonné entretemps de son vil écuyer terrorisé par la bête, Bye vint à bout du dragon. De guerre lasse, il s’assoupit. C’est à ce moment précis que le pleutre d’écuyer choisit de revenir sur ses pas et d’occire son maître, afin de s’attribuer les mérites de la mort du dragon auprès des villageois et d’épouser la veuve du Sire de Hambye. On enterra ce dernier sur l’île, et le lâche put épouser la Dame de Hambye, bien malgré elle. Rattrapé par sa culpabilité, le félon devenu fou croyait apercevoir le Sire de Hambye partout : trônant à la table des festins, dans le lit conjugal… Il n’en fallut pas plus à la châtelaine pour lever le voile sur son crime ! Il fut sitôt arrêté et pendu pour son forfait.

En hommage à son valeureux mari, la Dame de Hambye fit ériger un tombeau, en lieu-même de sa mort, sur une colline de Jersey que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « Hougue-Bie », littéralement la « colline du Sieur Bie ».

Il paraîtrait même que le tombeau était si élevé que la Dame pouvait l’apercevoir depuis son château de Hambye.

D'autres articles

Pour les amoureux d'histoire
Fermer