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©La Baleine|alexandre lamoureux

Les noms de nos communes, hameaux et villages de Normandie

Que veulent-ils dire ??

On vous dévoile les origines des noms de nos communes : au coeur de la Manche en Normandie, on en décrypte tous les secrets …

Qui de l’œuf ou de la poule était là le premier ? Qui ou quel évènement de l’Histoire a donné son nom à ce village que vous connaissez bien ou à celui que vous parcourez en coup de vent ?

Au détour de ces prochaines lignes, nous vous invitons à un voyage à travers le temps, au plus loin que remontent les traces attestant de l’origine de quelques localités présentes sur le territoire de Coutances Tourisme.

C’est parti pour un bon dans l’histoire des noms de nos communes !

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©dav
Article proposé par : Ophélie

Je ne suis pas issue du domaine du tourisme mais je suis passionnée et je m'investis pleinement dans mes missions. J'adore l'histoire et j'aime me balader dans le temps pour en savoir plus sur notre magnifique région de Normandie. Notre territoire lui aussi est incroyable de par sa diversité et la beauté de ses paysages et sa riche histoire.

#1 - Coutances

Durant l’Antiquité, la tribu gauloise les Unelles s’établit sur les hauteurs de l’actuelle Coutances qu’ils nommèrent Cosedia, avant de passer sous le contrôle de Rome au 1er siècle avant J.C.

Après le 3ème siècle, d’autres sources la désignèrent sous le nom de Constantia, dont l’origine reste encore discutée et partagée entre deux hypothèses : la première suggère qu’elle ferait directement référence au nom de l’Empereur Romain Constance 1er Chlore (vers 305), à qui la ville devrait sa fortification. L’autre hypothèse trouve plutôt sa source dans l’étymologie latine du mot constantia qui signifie « permanence, constance, durée », martelant ainsi le caractère de place forte que représentait Coutances à cette époque.

D’ailleurs, le nom « Cotentin » – bien connu dans la Manche – en serait directement issu, du pagus Costantinus, qui signifie littéralement en latin médiéval « Pays de Coutances ».

les "Mont"

Les Gaulois donc, devenus Gallo-Romains, restèrent attachés à leurs traditions celtiques et pratiquaient leur culte dans les fanums (petits temples gallo-romains). On suppose qu’il en était ainsi à Montmartin-sur-Mer, nom d’origine romaine Mons Martini aussi Mons Martis (littéralement « Mont de Mars »), qui désignait alors un fanum Martis, temple dédié au culte de Mars ou de Mercure. Même si aucune trace d’un quelconque temple n’a pu être exhumé jusqu’alors, certains historiens indiquent qu’il n’était pas rare de bâtir des édifices chrétiens sur les ruines des temples païens. Alors qui sait si l’on creuse un peu…

D’autres noms de communes du territoire Coutançais commencent par Mont- et partagent les mêmes racine étymologique et préfixe Mons– (littéralement « mont, montagne »). En effet, Montmartin-sur-Mer et Montchaton – Monte Catonum -, dont l’altitude est toute relative, offrent tout de même un panorama stratégique, qui sur la mer, qui sur le havre de la Sienne. Plus l’on s’aventure dans les terres et plus le relief augmente, ce que laisse présager les noms de communes telles que Montpinchon – Monte Pinceon (littéralement « Mont du Pinson ») -, Montaigu-les-Bois – Monte Acutus (littéralement « Mont Aigu »), Montcuit (-cuit faisant, selon toute hypothèse, référence à la méthode employée pour défricher les terres) et Monthuchon – Monte Hucheon.

#3 - Les "Saint" et "Notre-Dame"

Au 5ème siècle, Constantia n’échappa guère à la vague de christianisation progressive qui touchait l’entièreté de l’Empire Romain, et devint même le siège d’un évêché. Témoins de notre histoire chrétienne, un grand nombre de bourgades du Coutançais portent le préfixe Saint – (Saint-Denis-le-Gast, Saint-Denis-le-Vêtu, Saint-Malo-de-la-Lande, Saint-Martin-de-Cenilly, Saint-Pierre-de-Coutances, Saint-Sauveur-Villages) ou « Notre-Dame-… » (Notre-Dame-de-Cenilly), à l’instar de près d’un quart des noms de communes françaises.

Le nom suivant le préfixe Saint(e)-…  ou Notre-Dame-… (lié au culte de la Vierge Marie) est directement lié au Saint en l’honneur duquel la paroisse s’est construite puis développée. Le nom du Saint choisit pouvait dépendre de son parcours de vie, du miracle auquel il était associé ou de l’ampleur que son culte connut, ce qui peut expliquer notamment la forte récurrence des occurrences à Saint-Pierre, Saint-Denis, Notre-Dame etc. à travers les communes de France.

#4 - les "-Ville"

A la fin du 9ème siècle, de nouveaux envahisseurs venus du Danemark débarquèrent sur les côtes normandes. Ces hommes venus du nord que l’on appelait « Northmen » ont donné leur nom aux « Normands ».  De nombreux toponymes se terminant par le suffixe -ville (pas tous, attention !) sont à dater de cette époque, une très large proportion d’entre eux se trouvent d’ailleurs… en Normandie ! Ce suffixe signifiait « domaine de… », il était donc courant que le guerrier ayant conquis une terre lui adjoigne son propre nom. Prenons l’exemple typique de Quettreville-sur-Sienne qui a muté au fil des siècles, mais dont on trouve trace dans les archives les plus anciennes en tant que Kettevilla, littéralement le « domaine de Kettel ». Cette affiliation à des noms d’origine scandinave est également avérée pour d’autres communes présentes sur le territoire de Coutances Tourisme, telles que Ancteville (Ansketelvilla), Anneville-sur-Mer (Anslevilla), Heugueuville-sur-Sienne (Helgevilla), Muneville (Mulevilla), Reigneville (aujourd’hui « Regnéville-sur-Mer ») et Tourville-sur-Sienne (Torevilla).

Hauteville-sur-Mer et Hauteville-la-Guichard trouveraient quant à elles leur étymologie dans l’ancien français sous la forme Alta Villa, signifiant « domaine haut/ élevé ». Pour le complément -la-Guichard, il faut creuser du côté des personnalités significatives de cette localité, les suppositions oscillant entre Robert Guiscard (1015-1085), l’un des enfants de Tancrède parti à la conquête de l’Italie (histoire complète à découvrir au Musée Tancrède), ou bien un certain Guichard de Montfort qui fût l’un des seigneurs et patrons de la paroisse de Hauteville.

#5 - Les "Mesnil" et les "Cam"

Les Mesnil-

Dans le même esprit que pour les -ville, les préfixe et suffixe mesnil/ maisnil que l’on retrouve beaucoup sur le territoire de Coutances (Grimesnil, Le Mesnil-Amand, Le Mesnilbus, Le Mesnil-Garnier, Le Mesnil-Rogues, Le Mesnil-Villeman, Vaudrimesnil), mais aussi plus généralement en Normandie et dans le nord de la France, serait à traduire du français médiéval par « habitation, maison, demeure » voire « maison avec terrain ». L’on peut noter des consonnances noroises (langue des Vikings) adaptées de noms germaniques dans les toponymes de Le Mesnilbus (Mesnilbos), Le MesnilVilleman (Mesnil Vinaman) et de Vaudrimesnil (Waudrimaisnille).

 

Les Cam

Vous aurez aussi peut-être remarqué quelques toponymes en cam(p)- : Camprond, Cametours, Cambernon. Cam(p)- traduit une forme de dialecte du mot « champ », que l’on peut d’ailleurs mettre en parallèle avec la fameuse ligne Joret que l’on doit au philologue normand Pierre-Louis-Charles-Richard JORET (1829-1914). La ligne Joret est un tracé linguistique imaginaire délimitant deux aires distinctes en Normandie, où la prononciation diffère sensiblement (par ex. le « ch » de vache et le « k » de vaque). Camprond donc, – Campo Rotondo, Campus Rotondus, pour les plus anciennes formes latinisées, signifie tout simplement « champ rond ». De même pour Cambernon, où le -bernon serait plutôt à rattacher à un propriétaire germain, le « champ de Bernon », et Cametours (Campo Motos, Campo Motoso) « champ couvert de mottes », le -tour(p) étant du reste fréquemment rencontré à travers la Manche.

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