Peche A Pied Agon CoutainvillePeche A Pied Agon Coutainville
©Peche A Pied Agon Coutainville|Aymeric Picot
Pêche à pied respectueuse et durable

Grandes marées d'automne et d'hiver

Rencontre avec le médiateur de l'estran

Les grandes marées sur notre littoral, adopter une pêche à pied respectueuse et durable : Rencontre avec Maxime Spagnol, médiateur de l’estran

Salarié de l’association AVRIL en tant que médiateur de l’estran, son rôle est essentiel pour la préservation de la biodiversité et la pérennisation de la pêche à pied de loisir.

Échange avec Maxime qui nous partage ses connaissances et techniques de pêche respectueuses.

 

Être médiateur de l’estran, c’est quoi ?

Maxime est salarié de l’association AVRIL (association pour la mise en Valeur des Rivières et pour les Initiatives Locales) et mit à disposition pour l’app2r (association pour une pêche à pied respectueuse de la ressource). Les actions de ces deux associations se rejoignent : « On s’appuie sur la réglementation comme base, et si on peut faire encore mieux, tant mieux ! »

Avant 2014, les actions de médiations étaient peu réalisées et souvent transmises par des initiés (bénévoles/adhérents d’associations locales). Parmi les pionnières à l’échelle nationale, nous pouvons citer les associations Vivarmor et la CPIE Marennes-Oléron.

Petit à petit, la pratique s’est professionnalisée et aujourd’hui, plusieurs médiateurs de l’estran sont présents en France. C’est un travail essentiel pour la préservation de la biodiversité dans le territoire de Coutances Mer et Bocage.

 

Les objectifs :

  • Se familiariser avec les espèces communes et faire découvrir l’espace marin qui est d’une très grande richesse.
  • Aller sur le terrain à la rencontre des pêcheurs, expliquer pourquoi les réglementations sont mises en place, répondre aux questions, apporter un maximum d’informations et sensibiliser.
  • Proposer et transmettre de nouvelles techniques de pêche respectueuses, notamment pour la palourde.

 

En bref : rendre accessibles les informations et faire de la médiation grâce à des animations, stands, échanges, etc.

Qu’est ce qu’on trouve sur l’estran ?

L’estran est découpé en trois parties :  

  • Le supralittoral : en première ligne, il est quasiment systématiquement découvert lorsque la marée descend.
  • Le médiolittoral : il se découvre en cas de coefficients intermédiaires et grands.
  • L’infralittoral : il se découvre en cas de coefficients au-delà de 100 (ce qui arrive peu et lui permet de ne pas être trop perturbé par les activités humaines).

De la vie sous nos pieds…

On peut soulever les cailloux pour voir ce qui se passe dessous… Sur le supralittoral, on retrouvera des gastéropodes (gibbules, bigorneaux, monodontes…) mais également des crabes et crevettes qui se cachent sous les crevasses.

>> Lorsqu’on retourne ces cailloux, il est très important de les remettre dans leur position initiale.

Les espèces ont besoin d’humidité. Par le simple retournement d’une pierre, non remis à dans sa position initiale, on peut perdre jusqu’à 70% de la biodiversité qui met jusqu’à trois années à se renouveler.

Les herbiers de zostères

Lors de vos sessions de pêche à pied, vous pouvez apercevoir des surfaces recouvertes de végétaux verts, ce sont des herbiers de zostères ! Elles sont reconnaissables à leurs longues feuilles vertes en forme de ruban.

De nombreux animaux y trouvent nourriture, abri et zones de reproduction, ce sont de véritables prairies marines. Ces plantes sont aussi un puits de carbone en stockant le CO² tout en produisant de l’oxygène.

>> Les herbiers de zostères sont protégés à l’échelle européenne, il est donc primordial de ne pas piétiner ni gratter le sable aux abords de ces zones. C’est d’ailleurs l’une des missions de Maxime : aller à la rencontre des pêcheurs pour les informer de cette protection.

Des crabes super-héros !

Les crabes respirent comme les poissons, grâce à leurs branchies, et dépendent donc de l’eau pour s’oxygéner. Lorsqu’ils se retrouvent hors de l’eau, ils retiennent suffisamment de liquide dans leurs branchies pour continuer à respirer. Certains peuvent survivre jusqu’à deux jours hors de leur milieu aquatique.

>> Pour en apprendre davantage, AVRIL propose une animation intitulée « Les supers-pouvoirs de la biodiversité ordinaire ».

Les bons gestes à adopter durant la pêche à pied

D’abord, lors de votre arrivée sur la plage, jetez un œil aux pancartes qui indiquent la réglementation de la pêche à pied.

Une fois sur le terrain, on prend le temps d’observer l’écosystème… L’idée est d’aller plus loin que la pêche de rendement, chercher à explorer, découvrir, comprendre ce qui nous entoure et l’importance des gestes.

« Lorsqu’on respecte et protège ces ressources, ça sert d’alimentation aux autres espèces. Protéger l’estran, c’est permettre au large de survivre. »

Maxime Spagnol

Une pêche à la palourde responsable

L’une des actions phares de l’app2r, c’est d’initier les pêcheurs à une pêche douce, en repérant les marques laissées par les palourdes. Cette technique consiste à cibler la zone de pêche, et à ne pas gratter aléatoirement.

 

  • On va alors rechercher des petits cratères dans le sable : la palourde a deux siphons pour respirer et se nourrir de micro-algues, quand la mer se retire, elle a tendance à rentrer ses siphons au dernier moment, ce qui donne un effondrement du sable.
  • Lorsqu’on met le doigt, on doit sentir la palourde directement : son aspect rugueux permettra de sentir l’arrête de sa coquille, et ainsi la différencier d’une pierre.
  • Une fois la palourde trouvée : on mesure avec un outil de calibrage (réglette, gabarit maison, pied à coulisse…). Le gabarit pour la palourde est de 4 centimètres, si c’est moins, on la remet dans le sable !

 

> Il est très important de remettre les palourdes trop petites au fur et à mesure. Dans la réglementation, des coquillages qui ne font pas la bonne taille et qui se trouvent dans le seau sont considérés comme « péchés ». S’il y a un contrôle, c’est verbalisable.

 

« Cette technique de pêche à la main est très ludique et accessible à tous (même aux tout petits). Il suffit simplement d’avoir le coup d’œil, au bout de quelques minutes, on prend le coup de main et on est d’autant plus fier d’avoir récolté une pêche de nos propres mains ! »

Des outils pratiques

Pour mesurer, l’app2r fourni une réglette assez complète. On y retrouve entre autres :

  • Différents gabarits pour mesurer facilement les palourdes, moules, pétoncles, amandes de mer… Les autres espèces sont à l’échelle réelle (coquilles Saint-Jacques, soles, huîtres…).
  • Les périodes de pêche.
  • Le numéro d’urgence à composer en cas de problème sur l’estran (encerclement, malaise…): 196

 

Des sites internet utiles :

  1. ARS (Agence Régionale de Santé)
  2. Pêche à pied de loisir qui répertorie les réglementations de chaque département
  3. DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer)
  4. CPIE du Cotentin (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement)

 

      Site internet d’AVRIL 

     Site internet de l’app2r 

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